Chimie verte : METabolic Explorer devient une société industrielle et commerciale

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METabolic Explorer

À partir de matières premières renouvelables, METabolic EXplorer (METEX) développe et industrialise des procédés de fermentation industriels innovants et compétitifs comme alternatives aux procédés pétrochimiques. Ses ingrédients fonctionnels d’origine naturelle sont utilisés dans la formulation de produits cosmétiques, de nutrition-santé animale ou encore comme intermédiaires pour la synthèse de biomatériaux. La construction de sa première unité de production, à travers sa filiale METEX NØØVISTA, permettra la mise sur le marché de propanediol (PDO) et d’acide butyrique (AB). Un investissement de 48 millions d’euros qui marque un véritable tournant dans la croissance de l’entreprise.

success stories, photo de Benjamin GONZALEZ

LA PAROLE À…

Benjamin GONZALEZ, Fondateur et Président Directeur Général, METabolic EXplorer

Quand et comment l’histoire de METabolic EXplorer (METEX)  a-t-elle démarré ?

Le projet est né comme souvent d’une rencontre. Dans le cadre de mes études d’ingénieur à Clermont-Ferrand, j’ai croisé le chemin d’un visionnaire, Michel RENAUD qui, après une aventure dans le monde industriel, avait rejoint l’université d’Auvergne pour prendre en charge la valorisation de la recherche. A cette époque, le développement et la maîtrise des techniques de biotechnologies rendaient possible l’utilisation de la diversité du vivant pour répondre à des enjeux essentiels tels que la santé, l’agriculture, la nutrition et plus tard l’environnement. C’est dans ce contexte qu’il m’a convaincu de rejoindre son laboratoire pour réaliser un doctorat dont la finalité était du transfert de technologies. Et c’est ainsi que j’ai ensuite créé METEX à partir de l’idée que la fermentation pouvait être une réponse industrielle alternative aux systèmes de production basés sur l’exploitation des ressources fossiles et ceci pour produire autrement de façon plus durable les objets du quotidien.

À ses débuts, la société était localisée directement in situ de l’université qui mettait à disposition des bureaux pour pouvoir bénéficier des ressources matérielles, des savoir-faire des laboratoires et aussi du support juridique et administratif. Après cette phase d’incubation, nous nous sommes installés sur le Biopôle-Clermont-Limagne à Saint-Beauzire près de Clermont-Ferrand en Auvergne.

Quelles ont été les grandes étapes et projets majeurs qui ont jalonné la croissance de votre entreprise ?

Le plus difficile pour des sociétés de biotechnologie comme la nôtre est de réussir à valoriser ses innovations à un niveau permettant de justifier les investissements importants liés à des cycles de R&D longs.

Pour ma part les jalons clés dans l’histoire de la société se résument aux contrats que nous avons signés avec l’industrie dont le premier, un contrat de développement de plusieurs millions d’euros, en 2005.

Les succès techniques obtenus nous ont permis en 2007, de réaliser la première introduction en bourse d’une société de biotechnologie industrielle sur Euronext. Ce fut une grande réussite avec près de 60 millions d’€ levés qui ont servi à élargir notre portefeuille d’innovations et à aller plus loin dans nos développements en nous dotant d’un démonstrateur industriel.  

Ainsi, nous avons développé le procédé de fabrication de la première L-méthionine 100% d’origine naturelle, un acide aminé essentiel pour la croissance des animaux, et un procédé de production de PDO (1,3 Propanediol) et d’Acide Butyrique (AB) respectivement destinés aux marchés de la cosmétique et de la nutrition animale.

Ces succès techniques se sont traduits fin 2016 par la cession du procédé de production par fermentation de la L-Méthionine au pétrochimiste allemand EVONIK, leader mondial sur ce segment de marché, pour un montant de 45 Millions d’€. Fort de ce nouveau succès, nous avons, quelques mois après, signé un accord avec les fonds SPI de Bpifrance pour la constitution d’une co-entreprise, METEX NØØVISTA, consacrée exclusivement à la construction et à l’exploitation d’une usine de production de PDO et d’AB. Cet investissement de 48 millions d’€ sur la plateforme CHEMESIS de Carling St-Avold en Moselle marque une transition dans l’histoire de METEX qui devient une société industrielle et commerciale.

En quoi la Région Grand Est vous a-t-elle soutenu ?

Nous avons choisi d’investir sur la plateforme CHEMESIS de Carling St-Avold, pour des raisons géographiques (logistique des matières premières et des produits finis), économiques (accès compétitif aux utilités industrielles et aux services partagés par les acteurs industriels de la plateforme) et humaines. En effet, un critère clé de notre choix d’implantation a été aussi le soutien des parties prenantes du territoire, toutes animées par la volonté de rendre possible l’implantation sur la plateforme de la première société de chimie biologique.  

La Région Grand-Est, en particulier, a été une des premières régions françaises à placer la bioéconomie au centre de sa stratégie de développement économique, en affichant clairement sa volonté de faciliter le développement de la bio-industrie sur son territoire.

Concrètement cela s’est traduit par un soutien financier depuis les premières études d’implantation en juin 2017 jusqu’à la construction de notre unité de production sur la plateforme de Saint-Avold, qui devrait, malgré la crise sanitaire, démarrer sur le deuxième trimestre 2021, avec la création de 50 emplois directs. 

Quelles sont vos ambitions de développement pour l’avenir ?

Du côté de METEX NØØVISTA, l’investissement de 48 M€ correspond à une première phase industrielle pour une capacité de 5 000 tonnes de PDO et 1 000 tonnes d’AB. Nous avons d’ores et déjà réservé le foncier nécessaire pour pouvoir augmenter la capacité de l’usine afin de pouvoir répondre à la forte demande du marché pour ces deux ingrédients fonctionnels, avec l’ambition de devenir le leader mondial du PDO non GMO pour le marché de la cosmétique et le leader français de l’AB d’origine naturelle pour le marché de la nutrition animale.

Du côté de METabolic EXplorer, nous avons plusieurs procédés en développement dont le plus avancé, qui est en démonstration industrielle sur notre site de Saint-Beauzire, concerne la production d’Acide Glycolique (AG). Cet acide, fabriqué exclusivement par pétrochimie, est utilisée en cosmétique en particulier dans les crèmes « anti-âge ».  Nous avons l’objectif d’être en mesure d’industrialiser ce procédé fin 2021 et l’ambition d’industrialiser un procédé de fermentation par an à partir de 2022.

 

Crédit photo : Jérôme PALLE

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